Interview de Saverio Tomasella, psychanalyste pour enfants et adolescents
Coucou (future) maman et (futur) papa !
Dernièrement, j’ai acheté un livre très intéressant : “Petites Peurs ou Grosses Terreurs – Apaiser son enfant pour l’aider à grandir”. Ecrit par Saverio Tomasella, psychanalyste pour enfants, adolescents et adultes, cet ouvrage traite des peurs que rencontrent les enfants. Afin d’avoir davantage de détails, j’ai interviewé l’auteur. En avant !
Les parents parlent de caprices et oublient les peurs Cliquez pour tweeter
Monpremierbebe.fr : Dans un premier temps, pourriez-vous vous présenter ?
Saverio Tomasella : Je suis psychanalyste pour enfants, adolescents et adultes depuis plus de 20 ans, docteur en psychologie clinique, fondateur d’un centre de recherche en psychanalyse et d’un observatoire sur la sensibilité. Je suis également écrivain. Je suis le papa comblé et heureux de deux enfants, une fille et un garçon.
Monpremierbebe.fr : Vous avez écrit l’ouvrage “Petites Peurs ou Grosses Terreurs – Apaiser son enfant pour l’aider à grandir”, pourquoi avoir souhaité traiter cette thématique ?
Saverio Tomasella : La peur est l’émotion fondamentale chez tout être humain. Dans chaque psychanalyse, d’enfant en particulier, l’exploration des peurs est un passage nécessaire pour comprendre bien des difficultés de vivre, des blocages, se libérer et aller mieux.
Les peurs jalonnent la vie de l’être humain
Monpremierbebe.fr : Quelles sont les différentes peurs face auxquelles les enfants sont confrontés selon l’âge ?
Saverio Tomasella : Des peurs naturelles comme la peur du bruit, du noir, de dormir, de mourir, d’être abandonné, de la solitude, de l’école, de la violence… Autant d’inquiétudes ou d’angoisses assez communes qui jalonnent une vie, et se manifestent à différentes périodes de l’existence. Chez le tout-petit, les peurs sont souvent très irrationnelles et imaginaires. Il peut s’agir par exemple de la peur du monstre, du loup, du père Noël ou encore du clown… Plus tard, il s’agira de la peu d’être moqué, rejeté, ou de la peur de l’échec, puis de la peur de déplaire, de ne pas être comme les autres, etc.
Monpremierbebe.fr : Les parents peuvent considérer des peurs comme des caprices. Il arrive par exemple que pour un bébé de quelques semaines à peine, on parle déjà de caprice. Pourquoi fait-on une confusion entre peurs et caprices ?
Saverio Tomasella : Le caprice est une notion morale répressive qui arrange bien les parents ne prenant pas le temps d’écouter et de comprendre leur enfant. Pour les pédiatres et psychanalystes, comme Brazelton ou Winnicott, les enfants ne font pas de caprices (sauf exceptions pour des enfants plus grands qui jouent les stars ou qui sont tyranniques, souvent à l’image de leurs parents d’ailleurs). Lorsque l’on parle hâtivement de « caprice », en fait l’enfant exprime un doute, une peur, un désarroi, une détresse, ou plus simplement une fatigue ou un malaise.
Il faut accompagner l’enfant et discuter
Monpremierbebe.fr : Comment ces peurs évoluent-elles au cours de l’enfance et l’adolescence ? Peuvent-elles disparaître ou alors s’accentuer au contraire ?
Saverio Tomasella : Certaines peur disparaissent et reviendront à l’adolescence ou simplement dans des moments de grande fatigue ou de fragilité. Cela peut être après un déménagement, la séparation des parents ou la mort d’un proche par exemple. D’autres peuvent s’installer pour faire partie de la personnalité de l’enfant, comme la peur des araignées, des insectes ou de la foule. À certains moments de sa vie, chacun peut avoir des peurs plus ou moins fortes. Certains les expriment, d’autres moins, voire pas du tout… mais tout être humain connaît la peur. Les enfants, comme les adultes.
Monpremierbebe.fr : Avec la rentrée scolaire, c’est le moment des premiers jours à l’école (mais aussi en crèche), comment les parents peuvent-ils faire face au refus d’aller à l’école ?
Saverio Tomasella : Le plus efficace est d’aller avec l’enfant en le portant dans les bras avec son doudou jusque dans la pièce de la crèche ou dans la salle de classe. Pour dédramatiser, on peut chanter une chanson joyeuse. Prendre le temps est très rassurant pour l’enfant. De même, on peut le préparer les jours d’avant, ou la veille au soir. On peut jouer la scène avec son doudou ou des petits personnages que l’on amène à la crèche et à l’école. Ils sont un peu décontenancés au début, ils découvrent les lieux et les personnes, puis ils s’habituent et sont contents d’être là…
Présence, empathie, écoute : des règles d’or !
Monpremierbebe.fr : Un parent inquiet a-t-il un impact sur son enfant pour créer des peurs ?
Saverio Tomasella : L’enfant est une éponge. Il perçoit et capte tout. Un parent inquiet inquiète son enfant, sauf si cette inquiétude est légère ou n’est que passagère. Le mieux est que le parent en parle à un professionnel pour éviter de faire porter ses peurs à l’enfant.
Monpremierbebe.fr : Quels conseils donner à des parents pour accompagner au mieux leurs enfants ?
Saverio Tomasella : La présence, l’empathie, l’écoute sont les règles d’or d’une bonne relation avec l’enfant. Se mettre à sa portée, l’aider, le laisser s’exprimer, essayer de le comprendre, l’accompagner, le soutenir. L’attitude rigide ou autoritaire est contreproductive avec un enfant. Il s’agit au contraire de vivre avec lui les situations au cas par cas pour lui donner confiance en lui.
Merci à Saverio Tomasella pour sa disponibilité. Je vous invite grandement à lire son ouvrage plus en détails et à le garder précieusement dans votre bibliothèque !
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