La difficulté maternelle et l’association “Maman Blues”
Coucou (future) maman et (futur) papa !
Devenir parent est un long fleuve qui n’est pas toujours tranquille. Les parents découvrent de nouvelles émotions et situations qui peuvent grandement les déstabiliser. L’association « Maman Blues » accompagne et conseille ces mères qui connaissent des souffrances psychiques. Discutons ensemble avec Elise, présidente de la structure depuis 5 ans et membre depuis 2011, également maman d’une fille de 12 ans et d’un garçon de 8 ans.
La difficulté maternelle touche maman comme papa. Cliquez pour tweeter
Monpremierbebe.fr : Présentez-nous l’association « Maman Blues »…
Elise : C’est en 2004 que le site www.maman-blues.fr comprenant également un forum de discussions est créé par Nadège et Cécile. Elles se rendent compte qu’il n’existe pas de contenus sur la difficulté maternelle et en 2006, la déclaration de l’association en préfecture a lieu. Le but de la structure est d’apporter du soutien aux femmes en difficulté. Il faut savoir que la mère tout comme le père peuvent être touchés. Ce n’est pas qu’une question hormonale, il y a de nombreux facteurs à prendre en considération. C’est pourquoi quelques papas contactent également l’association. Aujourd’hui « Maman Blues » est présente en France, en Belgique, en Suisse et en Allemagne, avec des groupes de paroles sur certains départements. Depuis 2004, du chemin a été fait et le forum est toujours disponible. En effet, pour nous, passer par l’écriture est important. Ces paroles restent et lorsque les choses vont mieux, on peut relire ce qu’on avait précédemment écrit. Grâce à cela, on apprécie le chemin parcouru et on voit cette petite lumière au bout du tunnel.
Monpremierbebe.fr : Pourriez-vous me parler de votre expérience ?
Elise : J’ai souffert d’une dépression pendant ma première grossesse et en postpartum. J’ai eu une grossesse difficile avec des contractions et un alitement de presque 7 mois, du diabète et de nombreuses hospitalisations. Après l’accouchement, j’ai été hospitalisée seule deux mois en clinique psychiatrique. Puis, nous avons été prises en charge avec ma fille dans une unité de psychopathologie périnatale, sur un fonctionnement similaire d’unité mère-bébé. Cela a duré six mois, trois jours par semaine sur place en première intention puis deux jusqu’à l’arrêt complet. Ce fut le saut dans le grand bain mais j’étais plus sereine dans mon rôle de maman. Après des recherches sur Internet, j’ai découvert l’association « Maman Blues ». J’ai participé au forum et aux groupes de paroles sur la région lyonnaise. J’ai également intégré le bureau avec un investissement conséquent au fil des années.
La vision « idéalisée »
Monpremierbebe.fr : Qu’est-ce que la difficulté maternelle ?
Elise : Lorsque l’on parle de difficulté maternelle, on ne pointe pas du doigt l’aspect physique mais bien l’état émotionnel/psychique de la femme. Cette période de grands remaniements psychiques peut faire resurgir des histoires de vie, et cela joue beaucoup. De plus la vision « idéalisée » que nous impose la société a son rôle. On ne dit pas assez que, lors des premiers mois avec bébé, il y aura des pleurs ; que la maman pourra se sentir déstabilisée ou encore que l’allaitement pourrait être difficile. Face à la difficulté maternelle, un entourage bienveillant a alors sa place sans qu’il ne soit donneur de leçons. Il faut savoir qu’on peut ne pas oser demander de l’aide autour de soi, par culpabilité notamment. Par ailleurs, même les pères sont concernés. Reprenant le travail rapidement, on ne perçoit pas nécessairement ce qu’ils vivent. La relation à l’enfant peut alors être impactée.
Monpremierbebe.fr : Quelles sont les différences avec le baby blues ?
Elise : Le baby blues dure les quinze premiers jours après l’accouchement tout en restant supportable. Après cette période, si les sentiments ressentis persistent, on parle de difficultés maternelles. La maman peut se retrouver « en mode robot ». Pour elle, tout prend une tournure négative. Elle peut pleurer, avoir du mal à se concentrer, dormir difficilement et se sentir incompétente vis-à-vis de son bébé, voire en avoir peur. C’est un véritable engrenage. Une maman en difficulté maternelle peut aller très mal intérieurement mais ne rien laisser paraître à l’extérieur.
La Commission des 1000 jours
Monpremierbebe.fr : En France, quels sont les dispositifs face à la difficulté maternelle ?
Elise : Il faut préciser qu’encore aujourd’hui il y a une méconnaissance sur la difficulté maternelle. Les professionnels de santé doivent être en mesure de recevoir les éprouvés des mamans et de les orienter. Heureusement les lignes bougent depuis quelque temps. En effet, la Commission des 1000 jours a amené à travailler sur les 1000 premiers jours avec bébé. Elle a auditionné des professionnels de santé tout comme des associations. Elle a rendu son rapport en Septembre 2020 avec de nombreuses propositions en faisant un focus sur la dépression post partum.
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Il a été décidé notamment d’allouer un budget pour la création des nouvelles unités parents-bébé.
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Actuellement, les nouvelles mamans reçoivent la visite de leur sage-femme autant de fois qu’elles le souhaitent dans les douze premiers jours après la naissance dé bébé. Un accent a été mis sur les visites à domicile. De nouvelles mesures devraient se mettre en place à ce sujet.
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Le congé parental a lui été prolongé au 1er Juillet 2021 puisqu’il est passé à 28 jours.
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Un livret des 1000 premiers jours est envoyé depuis Octobre 2021 à tous les futurs parents.
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Une « bébé box » est distribué aux parents les plus vulnérables avec une visée plus générale par la suite, à différencier de la fameuse boîte rose.
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Enfin une application pour smartphone destinée à informer, renseigner les futurs parents ou parents et également à lutter contre l’isolement et l’errance lors de la dépression post-partum a été mise en place. Maman Blues collabore activement à toute la partie DPP.
Une application pour prévenir et accompagner
Monpremierbebe.fr : Quel est l’objectif de cette application au niveau de la prévention et de l’accompagnement de la dépression du post partum ?
Elise : Les parents retrouvent des articles sur le sujet et ont la possibilité de passer un questionnaire (l’échelle d’Édimbourg). Selon le résultat, Maman Blues reçoit une notification et une référente prend alors le relais. Notre objectif est d’agir rapidement afin d’entrer en contact avec le parent et l’orienter vers des professionnels de santé sensibilisés et formés.
Monpremierbebe.fr : Pourriez-vous me parler du livre « Tremblements de Mères » que l’association a publié ?
Elise : Il s’agit d’un ensemble de témoignages de mamans de l’association accompagnés de dessins, poèmes. L’objectif est de donner à lire des parcours tous très singuliers mais à la fois universels.
Monpremierbebe.fr : Un petit mot pour la fin…
Elise : La difficulté maternelle peut concerner toute femme. Il faut comprendre que l’on n’est pas un cas unique lorsque cela nous arrive même si c’est le sentiment qui prédomine.
Un grand merci à Elise pour tous ces éclairages. Retrouvez l’association sur son site www.maman-blues.fr mais également sur les comptes Instagram Association.Maman.Blues et Facebook Association Maman Blues. N’hésitez pas à contacter l’association pour vos questions ou si vous en ressentez le besoin 😉
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