Être doula : témoignage de Nadège
Coucou (future) maman et (futur) papa !
Pour ce nouvel article, je vous propose de découvrir le monde des doulas, à travers l’expérience de Nadège. Elle exerce ce métier et nous en dit davantage à ce sujet.
Monpremierbebe.fr : Pourriez-vous vous présenter dans un premier temps ?
Nadège : Je m’appelle Nadège, je vis à Nice dans le sud de la France, avec ma petite tribu de quatre hommes. Aujourd’hui doula, également appelée “accompagnante à la naissance”, et professeur de yoga, j’accompagne les femmes, les couples dans toute la période qui entoure l’arrivée d’un enfant. Cela correspond à la grossesse, l’accouchement et le post-partum. Le but est de vivre cette période dans une expérience la plus positive et nourrissante possible. Je suis également spécialisée en yoga prénatal et postnatal que j’enseigne depuis de nombreuses années.
Monpremierbebe.fr : Pourquoi avoir décidé de devenir doula ?
Nadège : J’ai vécu trois expériences de maternité complètement différentes avec chacune ses défis et ses révélations. Mon cheminement était important entre chacune pour me sentir pleinement souveraine. J’ai eu envie de transmettre aux femmes une vision plus “normale”, naturelle, consciente et justement souveraine de la naissance. Cela va de la façon de vivre sa grossesse, à la préparation intérieure pour l’accouchement sans oublier la manière d’apprécier un postnatal plus confortable et nourrissant. Je suis aussi devenue doula parce que je vois une grande solitude et un grand vide d’accompagnement chez les futurs et jeunes parents. Psychologiquement, émotionnellement, cette période mérite pourtant beaucoup de soin, de présence et d’attention.
Monpremierbebe.fr : Quel a été le parcours à accomplir (formation, diplôme…) pour devenir doula ?
Nadège : La profession de doula n’étant pas réglementée en France, on ne recquière pas de diplôme ou de formation officiels pour exercer. Cependant ces dernières années, ce métier devenant de plus en plus attractif, diverses écoles ou instituts ont été créés en France et en Amérique du nord. Des formations en ligne ou présentiel sont proposées et offrent des connaissances de base sur ce métier. Pour moi, être doula, c’est aussi un métier en apprentissage continu qui s’enrichit et s’affine avec des formations, des recherches, des lectures, des séminaires. Il y a aussi le travail qu’on fait sur soi car c’est un métier qui nous fait cheminer personnellement.
Monpremierbebe.fr : Comment une maman fait-elle pour solliciter une doula ?
Nadège : Il existe des annuaires répertoriant les contacts des doulas formées et en exercice par région. Une recherche sur internet est aussi possible ou encore en se basant sur le réseau personnel. Il est vrai que le bouche-à-oreille est souvent le plus efficace et le plus fiable.
Monpremierbebe.fr : Comment est-ce que la doula est accueillie par les sages-femmes, gynécologues, en maternité ?
Nadège : C’est variable. Certains professionnels de santé sont complètement ouverts et favorables à notre présence pendant l’accouchement. Ils ont une bonne compréhension de ce qu’on fait et apporte aux mamans en constatant les bienfaits de notre présence auprès d’un couple. Dans ce contexte de compréhension et confiance mutuelles, quand un travail d’équipe est possible, c’est extraordinaire. Cela apporte beaucoup à l’expérience des parents. D’autres sont réticents, ou fermés, car notre présence leur fait peur, leur semble menaçante, ou bien inutile. La méconnaissance de notre métier est la raison principale. Je pense que ce qui joue aussi beaucoup, c’est la posture de la doula : l’attitude adoptée, le lien de confiance créé avec les équipes. Cela demande du temps pour apprendre à se connaître et s’apprivoiser.
Monpremierbebe.fr : Qu’est-ce que la doula apporte de plus ou alors de singulier comparé aux autres professionnels ?
Nadège : La doula est extérieure au milieu médical et n’a donc pas les mêmes enjeux et limites. Elle est libre, employée par le couple et entièrement à son service. Ça change tout dans la relation qu’elle va créer avec eux. La base du métier de doula, c’est le lien de confiance et d’intimité qui se crée au fil des rencontres pendant la grossesse. On prend le temps de se connaître, de découvrir leur histoire personnelle, leurs questionnements, craintes ou difficultés. Un autre aspect de notre métier, c’est d’aller à leur rencontre, à leur domicile, donc de les connaître dans leur réalité et d’établir une relation d’égal à égal. Une doula se rend disponible dans la continuité. Elle est là pour les parents avant, pendant et après la naissance tant qu’ils en ont besoin.
Monpremierbebe.fr : Comment se passe le suivi avec une doula (avec vous particulièrement pour être concret) ?
Nadège : Lorsqu’une femme prend contact avec moi, on se rencontre une première fois de manière informelle pour faire connaissance et le point sur ses besoins. On va se choisir mutuellement car le feeling est essentiel. Ensuite, l’accompagnement consiste en une série de rendez-vous au domicile de la future maman, avant l’accouchement, au gré des envies et besoins du couple, à fréquence variable. Un rendez-vous dure près de deux heures, pendant lesquelles on aborde différentes thématiques (sur la grossesse, l’accouchement, le post-partum, l’allaitement). C’est aussi l’occasion de parler de sujets plus personnels qui les traversent au sujet de l’arrivée de leur enfant. Régulièrement, aussi, je leur propose un temps de connexion à soi. L’accompagnement peut inclure la présence à l’accouchement en lui-même. En post-partum, je leur rends visite pour offrir une écoute, un soutien émotionnel, un réconfort, des conseils pour l’allaitement, le portage et du soin pour le corps. On est en lien aussi par téléphone pour répondre à des questions, réassurer, redonner confiance. Dans mon cas, c’est souvent un accompagnement dans la continuité.
Monpremierbebe.fr : Si le jour de l’accouchement, vous n’êtes pas disponible (suivi d’une autre maman par exemple), est-ce qu’une autre doula prend le relais ?
Nadège : Personnellement, je n’ai pas de doula en relais. Je m’engage envers les parents à être disponible en mentionnant toutefois qu’il est toujours possible en cas de force majeure, que je ne puisse pas être là. Les parents étant prévenus et bien préparés, cela n’a jamais été un sujet.
Monpremierbebe.fr : A quel moment, la doula rejoint justement la maman le jour J ?
Nadège : En ce qui me concerne, au moment où la maman ressent le besoin de ma présence. Ça peut être à la maison, en début de travail, avant le départ à la maternité, ou quand le travail est bien avancé. Je m’adapte à son besoin.
Monpremierbebe.fr : Et après l’accouchement, au cours du post-partum, comment intervenez-vous ?
Nadège : Là aussi, c’est variable et je m’adapte. Je suis généralement en lien régulier les jours suivant l’accouchement, par téléphone pour prendre des nouvelles, répondre aux questions, petites angoisses. Je peux visiter à la maternité ou à domicile selon les niveaux d’urgence. Cela peut être rapidement si la maman rencontre des difficultés au démarrage de l’allaitement, ou plus tard pour un soin pour la maman. Je l’écoute dans son vécu dans cette période de transition et d’adaptation à la parentalité, notamment au sujet de son accouchement et des défis qui se présentent à présent. J’apporte soutien et réassurance.
Monpremierbebe.fr : Y a-t-il une prise en charge mutuelle, Sécurité sociale ? Avez-vous un barème de rémunération ?
Nadège : Il n’y a aucune prise en charge par la Sécurité sociale puisqu’on ne se trouve pas dans le cadre médical. En revanche certaines mutuelles peuvent prendre en charge une partie et les parents peuvent se renseigner. La profession de doula étant non réglementée, les tarifs sont libres et peuvent variés d’une région à l’autre et en fonction des frais de déplacement à domicile. La fourchette peut varier de 50€ à 90€ par rendez-vous. Certaines doulas proposent un forfait incluant ou pas la présence à l’accouchement, un ou plusieurs rendez-vous en prénatal ou en post-partum, en fonction des besoins.
Monpremierbebe.fr : Retrouve-t-on une association nationale de doulas, un collectif peut-être ?
Nadège : Oui, il y a plusieurs associations de doulas en France qui proposent une charte et un code déontologique. Localement, il y a aussi des groupes constitués par des doulas d’une même région, pour augmenter la visibilité du métier, échanger sur nos pratiques, créer du réseau, etc.
Monpremierbebe.fr : Enfin, est-ce que solliciter une doula est de plus en plus courant en France ?
Nadège : Oui, depuis ces trois dernières années, il y a une nette augmentation de la demande de doulas par les couples face à la médiatisation de ce “nouveau” métier (en réalité l’un des plus vieux au monde). Cela s’explique aussi par les manques du système actuel classique – faute de moyens – en termes d’accompagnement humain et émotionnel, de temps, de disponibilité, d’écoute. Il y a également plus d’information sur les options possibles et une volonté des parents de se réapproprier ce grand moment qu’est l’accueil de leur enfant, en se sentant accompagnés et soutenus dans cette expérience importante.
Un grand merci à Nadège pour sa disponibilité et le partage de son témoignage.
———————
Laisser un commentaire