L’épisiotomie : qu’est-ce que c’est ?
Voici un terme que l’on découvre avec une première grossesse. Et si le jour J on n’échappait pas à l’épisiotomie aussi appelée sympathiquement épisio ? Je ne change pas mes bonnes habitudes en demandant à Samra Seddik, sage-femme et présidente de l’Association Un Petit Bagage d’Amour de nous éclairer sur le sujet !
L’épisiotomie est un acte chirurgical consistant à ouvrir le périnée au moment de l’accouchement, par une incision Cliquez pour tweeterPourquoi l’épisiotomie ?
Il y a une époque où cela se faisait très régulièrement, surtout pour un premier bébé. On pensait que l’épisiotomie protégeait des déchirures compliquées du périnée. En faisant une incision au moment du passage de la tête du bébé, on empêchait le périnée de se déchirer ailleurs. C’est en quelque sorte une « déchirure contrôlée ». Mais aujourd’hui on a tendance à remettre en question cet acte. En effet, des études ont montré qu’une épisiotomie ne protégeait pas forcément des déchirures compliquées pouvant atteindre l’anus. Cet acte se fait donc de moins en moins. Il a tendance à être réservé aux situations où il faut « sortir rapidement le bébé », en cas de souffrance fœtale par exemple.
Se remettre d’une épisiotomie
Le rétablissement de la maman dépend de comment l’épisiotomie est faite, et comment elle est suturée. Certaines techniques de suture font que la maman se remet plus facilement. On penserait même qu’elle n’a eu qu’une simple déchirure. De plus, cela dépend aussi de la « taille » de l’épisiotomie. Il y a des épisiotomies plus larges, dont on se remet plus difficilement. Elles nécessiteront plus de soins et de précautions. Dans tous les cas, pour une bonne cicatrisation : il faut que la cicatrice soit toujours propre et au sec. Le lavage se fait au gel intime, pas forcément à la bétadine ou autre, après chaque selle. Et à l’eau claire après chaque passage aux toilettes. Il faut surtout bien sécher ensuite. Certains conseillent même le sèche-cheveux !
Episiotomie et déchirure
Une déchirure est « naturelle » et n’atteint souvent que les tissus superficiels. Elle peut toucher le périnée à plusieurs endroits différents. Quant à l’épisiotomie, elle va aussi « sectionner » muscles et peau, et à un seul endroit. Cela se fait souvent en diagonale, entre la vulve et l’anus, rendant ainsi la suture plus « facile ». Bien souvent, le vécu de la déchirure est plus facile pour les patientes, et moins douloureux.
Parler de l’épisiotomie dans le projet de naissance
Dans un projet de naissance on peut émettre le souhait de ne pas subir d’épisiotomie. Et ce choix doit être respecté dans la mesure du possible. Il est vraiment rarissime que l’épisiotomie soit nécessaire pour un accouchement. De plus, comme je le dis toujours à mes patientes, faire une épisiotomie n’arrange personne. Ni elles, ni la sage-femme ou le médecin, pour lesquels c’est du travail en plus. On préfèrerait avancer sur les papiers de l’accouchement que de suturer une épisiotomie. D’après mon expérience, si la patiente est très bien informée sur les raisons de l’épisiotomie aussi bien en amont que durant l’accouchement, alors elle sera mieux vécue.
Une maman qui ne voulait pas d’épisiotomie et finalement…
J’ai le souvenir de cet accouchement où la patiente ne voulait absolument pas d’épisiotomie. Nous commençons l’accouchement, la tête descend très bien. Puis elle se retrouve bloquée sur le périnée. Son périnée est très tonique car c’est une ancienne sportive de haut niveau d’après mes souvenirs. Bref, la tête n’avance plus du tout. Pourtant la maman pousse très bien, mais reste bloquée face à ce périnée « en béton », depuis 20 minutes. Là je me dis que seule une petite épisiotomie pourra débloquer la situation Le rythme cardiaque du bébé est très bien, je ne suis pas du tout pressée. Donc j’explique à la maman qu’elle travaille très bien, mais je pense qu’une petite épisiotomie serait nécessaire pour la sortie de la tête du bébé. Elle est réticente au début. Alors on attend. Cependant ça n’avance toujours pas. Puis au bout de 10 minutes c’est elle qui me demande l’épisiotomie. Résultat : bébé nait dans la minute et la maman n’a aucun traumatisme. Je suis repassée la voir dans sa chambre plus tard et elle ne sentait plus du tout la cicatrice. Elle m’a même dit avec humour « sans cette épisiotomie on y serait encore » !
Il faut savoir que le pourcentage d’épisiotomies dépend beaucoup des endroits, des régions, des hôpitaux, de la sage-femme, du médecin… Par ailleurs, il y a un hôpital à Besançon qui fait moins de 0,5% d’épisiotomies. Et à chaque fois qu’une épisiotomie est pratiquée dans cet hôpital, la personne est convoquée pour motiver les raisons de son acte. Donc si eux peuvent le faire, tout le monde peut le faire !
Un grand merci à Samra pour ses réponses !
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